Connaître et envoyer des jeunes

Connaître et envoyer des jeunes

La capacité d’envoi, c’est un baromètre de la santé des Églises

En général, il est rare que la communauté des aînés s'intéresse vraiment aux jeunes (ce qui est souvent réciproque). Ensuite, quand un jeune veut partir en mission, les aînés ne le connaissent pas et veulent pas l'envoyer.

La capacité d'envoi, c'est un baromètre de la santé des Églises et des familles qui envoient. La Bible parle d'une période dans laquelle l'amour se refroidira. Je ne pense pas que ce temps arrivera demain, puisque l'on est dedans. Moins de gens sont prêts à donner sans retenue, que ce soit leur amour (d'où le nombre de divorces), leur temps (dans un bénévolat ou un quelconque service). Cette tendance est encore plus forte quand il s'agit de donner, en tant qu'Église, ses membres à une œuvre du Seigneur ailleurs. Ce sont des gens consacrés, voilà une denrée si rare que l'Église souhaite retenir. Par conséquence, elle perd de vue son appel à être dispersée. Au final, c'est le refroidissement général.

Avec bonheur, je constate des tentatives de fournir un antidote pour l'Église : redevenir brûlant pour Dieu, car cette ferveur est toujours à la racine de l'appel, de ce qui t'amène à partir. À titre d'exemple, je mentionne la « Prière 24/7 ». C'est un mouvement international, qui a commencé comme un mouvement de veille de prière et d'intercession. Les gens se consacrent à se relayer dans une prière non-stop, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Un nombre considérable d'entre eux se sont engagés dans la mission. Un autre exemple, ce sont les écoles de disciple Fire et Fragrance (« feu et parfum») de Jeunesse en Mission. Elles ne désemplissent pas. Aujourd'hui, les jeunes en formation à cette école font partie des rares personnes envoyées à court terme pour une œuvre d'entraide en Irak ou en Corée du Nord.

Je pourrais citer d'autres exemples. Ce que l'on voit là est un autre changement de paradigme que même les héritiers des faith missions (organismes fonctionnant sur la base du principe que Dieu pourvoit aux besoins des missionnaires qu'ils ne font connaître que dans la prière) ont du mal à saisir. Pourtant, ces organismes sont issus des réveils évangéliques des siècles derniers. Mais ils tentent d'ignorer ces nouveaux mouvements. Ils savent bien que dans la mission les choses ne vont plus comme auparavant, mais ils continuer à chercher la racine des maux de la mission dans le concept patiné et ennuyeux de la « relation entre œuvres et églises ».

Alors que l'un des vrais problèmes est l'institutionnalisation et la réification d'un mouvement qui au début était un réveil et en renouveau pour lequel il n'y avait pas de méthode préétablie. Et la vérité, c'est que s'il y aura des envoyés demain, ce sera à partir d'un nouveau vent de l'Esprit sur nos régions.

Les jeunes sont attirés par ça. Ils n'aiment pas les contrefaçons, ils ne vont pas jouer à l'Église et pas même jouer à la mission, ceci en dépit de l'attrait « exotique » que la mission peut encore exercer sur eux.

Toutefois, il faut s'en méfier aussi, car volonté de dépaysement et soif d'aventure sont des choses très différentes de la consécration à l'œuvre de Dieu. On peut arriver en mission avec des motifs plus humains que spirituels. Jouant sur cela, des organismes vous enverront peut-être en Afrique faire de l'humanitaire chrétien très gratifiant, mais ils ne vous enverront jamais sur les lignes de front de l'implantation d'église en terre d'Islam.

Et pourtant, la mission est un vase d'expansion des compétences, une occasion exceptionnelle de discipulat.

Partir un peu de temps pour un projet missionnaire est aussi l'occasion d'appâter avec de l'exotisme pour revenir après avec l'enthousiasme du voyageur qui a des histoires à raconter. Cela peut ranimer l'Église d'ici et susciter de l'intérêt pour la mission. En fait, on peut apprécier ces résultats dont on doit déplorer les causes. C'est parfois un bon premier pas, pourvu qu'il y en ait d'autres.

 

Extrait du chapitre « Quelle place pour les jeunes dans la mission ? » (auteur : David Green)

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Le livre « L'Église locale en mission interculturelle : Communiquer l'Évangile au près et au loin », sous la direction de Evert Van de Poll, Excelcis, 2014

Cet ouvrage est publié avec le concours de la Fédération de Missions Évangéliques Francophones (FMEF) et du Réseau de Missiologie Évangélique pour l'Europe Francophone (REMEEF).

Dans cet ouvrage, théologiens, pasteurs, responsables d'organismes spécialisés, implanteurs des Églises, un animateur de missions à court terme, et un sociologue offrent leurs réflexions. Ainsi, différents regards sur le rôle de l'Église locale dans la mission se croisent.

Ce livre est destiné aux responsables des Églises comme aux « praticiens » qui se sont engagés dans une œuvre missionnaire, et à tous ceux qui sont intéressés par la mission.

 


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Type
Article
Auteur
Green, David
Editeur
Excelsis
Parution
2014