Église et mission… complémentaires ?

Église et mission… complémentaires ?

La mission est une composante de l'Eglise

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1.  Modalité et sodalité

2.  Le renouveau du protestantisme

3. Un nombre impressionnant de collaborateurs

 

Entre Noël et Nouvel An 2012 j'étais à Mission-Net à Erfurt en Allemagne. 2600 jeunes chrétiens européens, désireux d'être acteurs du changement dans notre société, s'étaient donné rendez-vous. Une multitude d'églises locales, dont des françaises, étaient représentées. 140 exposants de nombreuses sociétés missionnaires, des organisations humanitaires, des organismes de formation, des associations étudiants, etc. occupaient un hall entier. Un jeune m'a confié être touché de voir ce que l'Esprit de Dieu opère dans le monde entier et avec quelle diversité de moyens Il le fait ! Quelle créativité !

Deux entités étaient donc présentes : l'église locale et la mission. Celle-ci est une composante de la première mais elle a un but et un fonctionnement spécifique.

 

1. Modalité et sodalité

Ce constat me rappelle la thèse de Ralph Winter[1]. Selon lui, dans le Nouveau Testament et au travers des siècles qui ont suivi, ces deux structures ont toujours coexisté. D'un côté, les églises du Nouveau Testament rassemblent jeunes et vieux, hommes et femmes. Winter les appelle des modalités. D'un autre côté, l'équipe missionnaire de Paul - une sodalité selon Winter - considérée comme un prototype des équipes missionnaires ultérieures. Elle rassemble des ouvriers engagés en vue d'exercer une responsabilité qui dépasse la première structure. Les deux sont légitimes et nécessaires.

Pour l'auteur, les deux sont des modèles empruntés. D'une part, l'Église du Nouveau Testament a des analogies avec les synagogues juives. D'autre part, l'activité missionnaire de Paul en visitant les synagogues s'appuyait sur ce que les missionnaires juifs avaient fait avant lui. Une centaine d'années avant la venue du Christ ils avaient commencé à parcourir l'Empire romain. Certains de ceux-ci étaient les gens dont parlait Jésus comme parcourant « la mer et la terre pour faire un prosélyte[2] ». Pierre déclara « Moïse a dans chaque ville [de l'Empire romain] des gens qui le prêchent[3] ».

 

2. Le renouveau du protestantisme

Le mouvement protestant, sous l'influence de Luther, essaya de se passer de ce deuxième type de structure. Le monde protestant demeura ainsi deux siècles sans vision missionnaire. La devise de certains théologiens luthériens était : « Reste dans le pays et nourris-toi honnêtement[4] ».

S'il n'y avait pas eu le mouvement piétiste, affirme Winter, le protestantisme auraient manqué de renouveau. Il aura fallu attendre William Carey, qui voulut des moyens pour la conversion des païens, des initiatives organisées mais non ecclésiales, pour qu'un changement s'opère dans la vision protestante. Douze sociétés missionnaires naquirent en 32 ans.

 

3. Un nombre impressionnant de collaborateurs

Jacques Buchhold défend l'existence de ces sodalités par deux arguments bibliques. Paul décrit l'Église avec des images comme la nouvelle humanité, le temple, l'épouse du Christ, le corps du Christ. Par elles, il désigne l'Église universelle. « Les associations chrétiennes avec leur confession de foi et leur discipline interne font bel et bien partie de cette Église. Elles en constituent des morceaux... Par leur activité, c'est Dieu qui œuvre en son Église et par elle[5]. » L'auteur souligne également que Paul mentionne « un nombre impressionnant de collaborateurs qui l'ont secondé dans son ministère pour l'Église et non seulement pour telle ou telle église locale ». Avec une équipe de collaborateurs, Paul va durant deux ans mettre l'accent sur la formation. Durant deux ans, il va s'entretenir avec les disciples dans l'école de Tyrannus à Éphèse[6]. Tous les habitants de la province d'Asie, Juifs et Grecs entendirent la Parole du Seigneur. Des églises filles naîtront à Colosses et Laodicée grâce aux collaborateurs formés par Paul sur place. L'Église universelle est renforcée par cette sodalité !

Jacques Buchhold pose la question : « Pourquoi Dieu ne continuerait-il pas à donner à son Église des hommes et des femmes analogues en vue de l'édification de son corps ? » Ces équipes, ces sodalités ont cette capacité de répondre aux besoins momentanés des Églises d'une certaine région, de créer les ponts pour rejoindre telle catégorie sociale, telle tranche d'âge... avec l'Évangile. Les réponses des missionnaires dans la suite de ce journal en témoignent.

 


[1] The two structures of Gods'redemptive Mission, Éditions Walls Missionary societies, 239 pages.

[2] Matthieu 23 : 15.

[3] Actes 15 : 21.

[4] Mission der Gemeinde - Gemeinde der Mission, Bernd Brandl, Éditions AFEM, page 68.

[5] Revue À propos du GBU de Suisse Romande, N° 32, article paru en février 2012.

[6] Actes 19 : 10.

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Type
Article
Auteur
Gauggel, Jeannot
0
Parution
2012